Artiste visionnaire, intellectuel brillant et homme de convictions, de Maurice aux Ateliers parisiens de l'Amandier, Hervé Masson a marqué son temps. Pour saluer son engagement artistique et militant, l'Institut français de Maurice propose une conférence de l'historien français Bernard Lehembre, spécialiste de la peinture mauricienne, ainsi qu'une exposition inédite de dessins réalisés en prison par Hervé Masson.
Le vernissage de cette exposition (19h) sera précédé d'une conférence d'histoire de l'art intitulée « Histoire des esclaves et des coolies à l’île Maurice » présenté par Bernard Lehembre à 18h.
Commissariat : Bernard Lehembre
Commissariat scientifique : Barbara Luc
Direction de projet : Brigitte Masson
Sensibilisation pédagogique : Caroline Martial
Comment votre art se rattache aux traditions culturelles mauriciennes ?
Réponse d’Hervé Masson en février 1979 :
« Sur le plan des arts plastiques il n’existe aucune tradition culturelle à Maurice. Il n’y a pas de peinture mauricienne, ni bourgeoise, ni populaire. Le seul lien que je découvre entre ce que je peins et la vie quotidienne de mon pays, c’est la couleur (tropicale et luxuriante), la lumière et sans doute un certain goût pour la mer, la nature, le mystère créole. »
« J’espère qu’à l’issue de cette commémoration, les Mauriciens retiendront l’image d’un homme intègre et passionné, dédié entièrement à son art et à son engagement. De son vivant, il a été un phare pour nombre de jeunes, aspirants-artistes ou politiciens en herbe, et j’aurais aimé qu’il le reste encore pour les cent prochaines années ! » - Brigitte Masson, organisatrice et fille de Hervé-Masson, représentante de Je dis mon île
« Le Centenaire permettra de comprendre les différentes facettes de l’homme et de l’artiste. A l'IFM, on présente une série inédite de 30 dessins composée durant la détention de l'artiste en 1972. Intitulée Histoire des Esclaves et des Coolies à l'Ile Maurice, elle est le récit graphique de la naissance (aux forceps) de la nation mauricienne, dont il était un fervent partisan. Cette série devait faire l'objet d'un ouvrage qui n'a pas paru. Elle se compose de fac-similés de dessins disparus et d'originaux sauvegardés » - Bernard Lehembre
BIOGRAPHIE RÉSUMÉE D’HERVÉ MASSON
Hervé Masson est né à Rose-Hill le 17 janvier 1919, cadet d’une fratrie de sept enfants dont le poète et romancier Loys Masson, et l’écrivain et journaliste André Masson. Artiste-peintre, écrivain et homme politique, il est l’un des artistes et intellectuels mauriciens les plus marquants de la deuxième moitié du 20ème siècle.
Hervé Masson fait ses premiers pas artistiques dès l’âge de 19 ans. Il s’essaie à la gravure sur bois et illustre plusieurs livres dont les premiers opus de Loys Masson, Pierre de Sornay et Malcolm de Chazal. Dès qu’il se marie en 1942, il anime un cénacle dans son salon de la rue Meldrum à Curepipe. S’y retrouvent écrivains et artistes de l’époque, dont Marcel Cabon, Serge Constantin, Malcolm de Chazal, Henri Dalais, Edmée Le Breton, Raymonde de Kervern, Madeleine Mamet, et bien d’autres. Parallèlement, conseillé par le poète Robert-Edward Hart, il étudie la philosophie indienne et se passionne bientôt pour l’ésotérisme, dont il deviendra plus tard un spécialiste reconnu. À la fois influencé par le cubisme venu d’Europe, les pensées de Malcolm de Chazal et la peinture des artistes indiens du Groupe de Calcutta, il produit des œuvres audacieuses qui rompent avec la vision traditionaliste de la représentation. Il fait le lien entre les diverses cultures de l’île, intégrant la statuaire et la peinture hindoues au cubisme, lui-même hérité de l’art nègre. Il est l’initiateur de la modernité en art et le maillon qui assure la transition entre les néo-impressionnistes mauriciens et la peinture contemporaine. En France, il est l’inventeur en peinture des métaformes et le dernier représentant de l’orphisme. Il est l’un des artistes les plus en vue de l’Ecole de Paris des années 50-60, succédant au peintre Bonnard à la galerie Bernheim-Jeune. Ses tableaux ont été vendus dans le monde entier et font partie des collections de plusieurs musées d’art moderne.
Intellectuel engagé, Hervé Masson lutte pour l’indépendance de Maurice à travers des centaines de chroniques dans la presse mauricienne et française. Resté très attaché à son pays, il regagne l’Île Maurice en 1970 en qualité de conseiller artistique du ministère de l’Education. Tenté par l’engagement politique, il rejoint le MMM et devient rédacteur en chef du journal Le Militant. Sous l’état d’urgence, il fait dix mois de prison politique puis est libéré fin 1972. De plus en plus critique par rapport à la ligne de son parti, il décide de retourner à Paris en 1977. Il reprend sa carrière de peintre et d’écrivain et y finit ses jours le 13 mai 1990. En 2005, une rétrospective lui est consacrée au MGI donnant à voir pour la première fois l’envergure de son oeuvre. Plusieurs retombées positives germent de cette première rétrospective consacrée à un grand peintre mauricien. Entre autres, les instances gouvernementales retiennent l’idée de créer un musée d’art où la population mauricienne et sa jeunesse en particulier pourrait voir de manière permanente le travail des grands maîtres mauriciens. Idée émise par Hervé Masson dès 1970 en sa capacité de Art Advisor du premier gouvernement mauricien indépendant.
IFM
Exposition du 7 au 22 février
De 10h à 17h
Gratuit !