Tahar Ben Jelloun est un écrivain et intellectuel franco-marocain. Depuis 1955 il vit entre Tanger et Paris et collabore régulièrement au journal Le Monde. Ses premières publications furent des sélections de poèmes, comme « Cicatrices du soleil » ou « Le discours du chameau », dans lesquels il teste une écriture qui contient les légendes maghrébines et les problèmes sensibles de la société contemporaine.
Dans sa prose il aborde des sujets tabous et des êtres exclus de la parole, et en elle émerge un langage interdit, en relation avec le corps, la sexualité ou le statut de la femme. Ses récits se laissent régir par les troubles de mémoire et l’insubordination de l’imagination, et s’éloignent du schéma du roman traditionnel.
Ben Jelloun fut enfermé par le régime marocain en 1966, soupçonné d’avoir organisé et participer à des manifestations d’étudiants qui eurent lieu un an avant. Scolarisé en français, il fut enseignant de philosophie à Tétouan et Casablanca, jusqu’à ce que l’enseignement de la philosophie fût arabisé en 1971, par les autorités marocaines. A partir de là il décida de s’installer à Paris où il se spécialisa en Psychologie sociale.
Il a développé sa carrière professionnelle comme écrivain en France, ce qui lui donna le prix le plus important des lettres gauloises, le Prix Goncourt, en 1987, avec La nuit sacrée, roman suite de l’enfant de sable (1985). Le théâtre et l’essai, en plus des romans, en ont fait l’un des auteurs de langue française les plus connus au monde.
Il continue de songer à son pays, comme c’est souvent le cas pour les passionnés par la terre natale, et maintient une relation d’amour-haine qui à la fois l’aime et la critique. Ce conflit entre ce qu’on abandonne et ce qu’on aimerait trouver à notre retour, mais ne se trouve pas.
Tahar Ben Jelloun publie deux livres sur le printemps arabe. L'un est un hommage au martyr tunisien Mohamed Bouazizi, l'autre une analyse des révolutions en marche.
1. Dans Par le feu, une fiction d'une cinquantaine de pages, réaliste et poétique, Tahar Ben Jelloun reconstitue les jours qui ont précédé le sacrifice de Mohamed Bouazizi. Ce jeune homme s'est immolé le 17 décembre 2010 et fut le déclencheur de la Révolution du Jasmin en Tunisie.
2. Le second livre est un essai intitulé L'étincelle. Révolte dans les pays arabes. Il examine au cas par cas la situation de chacun des pays touchés par la contestation et se met "dans la tête" de Moubarak ou Ben Ali. Le livre souligne que chaque pays arabe est singulier.
"Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immole par le feu. C’est le signal déclencheur de la révolution de jasmin en Tunisie et de ce qu’on nommera le « printemps arabe ». Dans une fiction brève, « Par le feu », Tahar Ben Jelloun, romancier, poète et essayiste, prix Goncourt 1987 pour « La Nuit sacrée », reconstitue les jours qui précèdent cet acte. Mohamed Bouazizi mourra le 4 janvier 2011. Mais dès ce matin de décembre, le compte à rebours commence pour Ben Ali et Leïla Trabelsi. Pour Hosni Moubarak et consorts, aussi.
Dans « L’étincelle », Tahar Ben Jelloun réunit deux récits et ses réflexions sur les révoltes dans les pays arabes. Les deux courts récits sont deux tentatives de l’auteur de pénétrer dans l’esprit de deux dictateurs : Hosni Moubarak qui est « contrarié » en ce 10 février 2011, et Ben Ali qui s’est enfui de son pays pour s’exiler en Arabie saoudite. Avant d’examiner individuellement les pays arabes (Tunisie, Egypte, Algérie, Yémen, Maroc et Libye), Tahar Ben Jelloun souligne la nature de cette révolte, l’importante responsabilité dans le maintien de ces régimes impopulaires et autoritaires, et la défaite de l‘islamisme.
C’est donc en tant qu’auteur de ces deux livres consacrés aux bouleversements dans les pays arabes que Tahar Ben Jelloun, né à Fès (Maroc), interviendra sur « Le printemps arabe … et après ? »"
Par Tahar Ben Jelloun de l’Académie Goncourt
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