En mai dernier sortait en France, sur Arte, l'excellente série documentaire "Les routes de l'esclavage", saluée par la critique pour sa vision synthétique et objective, pour le "travail pédagogique dense, précis et essentiel". Cette fresque ambitieuse s'attache à produire des clés de compréhension pour saisir les enjeux contemporains de cette histoire commune, dont l'héritage demeure vif sur le continent africain et à Maurice ou à la Réunion notamment.
Projection-débat avec la coréalisatrice Fanny Glissant
C’est l’histoire d’un monde où la traite d’esclaves a dessiné ses territoires et ses propres frontières. Un monde où la violence, la domination et le profit ont imposé leurs routes. L’histoire de l’esclavage n’a pas commencé dans les champs de coton. C’est une tragédie beaucoup plus ancienne qui se joue depuis l’aube de l’humanité. A partir du 7ème siècle, et pendant plus de 1.200 ans, l’Afrique a été l’épicentre d’un gigantesque commerce d’êtres humains parcourant l’ensemble du Globe. Nubiens, Peuls, Mandingues, Songhaïs, Sosos, Akans, Yorubas, Ibos, Kongos, Yao, Somalis... Au total, plus de 20 millions d’Africains ont été déportés, vendus et réduits en esclavage. Ce système criminel a enrichi et posé les fondements des plus grands empires à travers le monde. L’ampleur de ce trafic est telle qu’il a longtemps été impossible d’en expliquer tous les mécanismes. Pourtant, son histoire pose une question fondamentale : comment l’Afrique s’est-elle retrouvée au coeur des routes de l’esclavage ?
Fanny Glissant
Productrice de documentaires depuis une dizaine d’années, Fanny Glissant a accompagné et produit des films d’histoire prime time comme Dénoncer sous l’Occupation, de Laurent Joly et David Korn-Brzoza, La Guerre des enfants de Julien Johan et Michèle Durren (Mention spéciale et Prix du public au Festival de Luchon) ainsi que des films d’investigation et de société/politique tels que Syrie, enfants en guerre de Yuri Maldavsky, Les gangsters et la république et Trafics de Frédéric Ploquin et Julien Johan.
Elle aussi produit des films permettant d’appréhender les problématiques du monde contemporain comme Climato sceptiques : la guerre du climat de Laure Noualhat et Franck Guérin et des films Arts et Culture, tels que Orson Welles, autopsie d’une légende (Cannes Classics - Festival de Cannes 2015) et Karen Blixen, songe d’une nuit africaine de Elisabeth Kapnist. Avec les Routes de l’Esclavage, elle signe en tant que réalisatrice sa première série internationale.
Programmation
14 février à 18h : IFM à Rose-Hill
Episode 4 : 1789- 1888 les nouvelles frontières de l’esclavage
A Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagnent du terrain. Après la révolte des esclaves à Saint-Domingue, et face à la gronde de leurs opinions publiques, les grandes puissances européennes abolissent la traite transatlantique en 1807. Pourtant l’Europe, en pleine révolution industrielle, ne peut pas se passer de la force de travail des esclaves. Pour satisfaire son besoin de matières premières, elle repousse les frontières de l’esclavage et ferme les yeux sur les nouvelles formes d’exploitation de l’homme au Brésil, aux Etats-Unis et en Afrique. A l’heure où la traite légale est enfin interdite, la déportation des captifs africains va exploser, plus importante que jamais. En 50 ans, près de 2,5 millions sont déportés.
15 février à 14h : Université de Maurice à Réduit
Episode 3 : 1620 – 1789 : Du sucre à la révolte
XVIIème siècle. L’Atlantique devient le champ de bataille de la guerre du sucre. Français, Anglais, Hollandais et Espagnols se disputent les Caraïbes pour y cultiver des champs de cannes. Pour assouvir ces rêves de fortune, les Royaumes Européens ouvrent de nouvelles routes de l’esclavage entre l’Afrique et les îles du Nouveau Monde. Avec la complicité des banques et des compagnies d’assurances, ils industrialisent leurs méthodes et portent le nombre de déportations à des niveaux jusque là jamais atteints. Pris au piège, près de 7 millions d’Africains se trouvent entraînés dans un gigantesque tourbillon de violence.
16 février à 18h : Green village à Cotteau-Raffin
Episode 2 : 1375 – 1620 : Pour tout l’or du monde
A la fin du Moyen-âge, l’Europe s’ouvre au monde et découvre qu’elle se situe en périphérie de la principale zone de production de richesses de la planète : l’Afrique. Les Conquistadors portugais sont les premiers à se lancer à la conquête de l’Afrique. Ils partaient chercher l’or, ils vont revenir avec des centaines de milliers de captifs pour les vendre en Europe. Entre les côtes africaines, le Brésil et leurs comptoirs, les Portugais mettent en place les premières colonies entièrement peuplées d’esclaves. Au large du Gabon, l’île de Sao Tomé, devient le terrain d’expérimentation du système d’exploitation le plus rentable de tous les temps : la plantation sucrière…
IFM
Prix libre